Face aux accusations de meurtres de civils en Ukraine, la partie russe crie à la mise en scène

Sans surprise, la partie russe a réagi par la surenchère aux accusations adressées à Moscou sur des exactions et des exécutions de civils attribuées aux troupes russes dans plusieurs localités au nord de Kiev. Dès dimanche 3 avril, Moscou a exigé une réunion urgente du Conseil de sécurité des Nations unies pour débattre de « la provocation des radicaux ukrainiens ». Le Comité d’enquête, puissant organe judiciaire rattaché au Kremlin, a demandé l’ouverture d’une enquête au sujet de la « diffusion délibérée par l’Ukraine de fausses informations ». Les autorités russes ont dit rejeter « catégoriquement » ces accusations, les assimilant aussi à des « fakes » et renvoyant aux explications des « professionnels » du ministère de la défense.

Celui-ci avait été le premier à réagir, dimanche dans la journée, en relayant les explications d’une organisation semi-officielle nommée « Guerre contre les fakes ». Premier argument avancé : les vidéos diffusées durant le week-end montreraient des cadavres pas parfaitement immobiles – l’un bougerait la main, l’autre se redresserait pour s’asseoir après le passage de la caméra.

Cet argument a été vite démonté (on parle notamment d’une main qui était en fait une tache sur un pare-brise) et abandonné. La ligne officielle du commandement militaire russe consiste désormais à interroger le délai entre la sortie des soldats russes des localités du nord de Kiev – officiellement le 30 mars – et l’apparition des premières images et accusations contre Moscou. En réalité, les premières vidéos, celles montrant des cadavres éparpillés en pleine rue à Boutcha, sont apparues en ligne dès le 1er avril, sur un groupe Telegram d’habitants d’Irpine.

« Terrorisme informationnel »

L’autre problème posé par ce récit est que la télévision de l’armée russe, Zvezda, montrait encore le 1er avril des unités russes « contenant avec succès les forces adverses sur une ligne Hostomel-Boutcha-Ozera ». De son côté, l’agence officielle russe Interfax citait, à cette même date, un officier d’infanterie de marine indiquant que les forces russes étaient en train de conduire le « nettoyage » de plusieurs localités de la région de Kiev (non citées) avec l’objectif de s’y « renforcer ».

« Provocations » ou « fakes », les mots varient selon les articles de la presse russe, qui sans s’appesantir sur les témoignages venus de Boutcha ou d’Irpine les réfute vivement. A la télévision, dimanche soir, la porte-parole du ministère des affaires étrangères, Maria Zakharova, a évoqué un « terrorisme informationnel » et lié cette « provocation » au besoin de « détourner les regards » après la publication par la Russie de « nouveaux documents irréfutables » concernant les « laboratoires biologiques » dans lesquels les Etats-Unis auraient développé, sur le sol ukrainien, des armes bactériologiques. « Qui sont les maîtres de la provocation ? Evidemment les Etats-Unis et l’OTAN », a insisté Maria Zakharova.

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