

La centrale de Tchernobyl n’est plus occupée par les troupes russes depuis jeudi 31 mars, selon les autorités ukrainiennes. « En quittant la centrale nucléaire de Tchernobyl, les occupants russes ont pris avec eux des membres de la Garde Nationale qu’ils retenaient en otages depuis le 24 février », a déclaré sur Telegram l’agence d’Etat ukrainienne Energoatom, citant des employés. On ignore combien de soldats ukrainiens ont été retenus en otages par les forces russes.
Un peu plus tôt, l’agence d’Etat ukrainienne pour la gestion de la zone de la centrale avait annoncé le départ des troupes russes. « Il n’y a plus de personnes étrangères (au service) dans l’enceinte de la centrale nucléaire de Tchernobyl », site de la pire catastrophe nucléaire civile de l’Histoire, avait indiqué sur Facebook l’agence d’Etat.
L’agence avait indiqué peu avant que les troupes russes avaient commencé leur départ de la centrale, située à une centaine de kilomètres au nord de Kiev. En quittant la centrale, les Russes se sont livrés au « pillage de locaux, vol des équipements et d’autres objets précieux », a accusé l’agence. Des spécialistes ukrainiens vont désormais inspecter la centrale en quête de potentiels « engins explosifs », selon la même source.
Discussions entre l’AIEA et la Russie
L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a confirmé que le transfert de responsabilité aux autorités ukrainiennes avait été formellement noté « par écrit ». L’instance avait cessé, depuis le 9 mars, de recevoir en direct les données provenant de Tchernobyl. Elle s’est inquiétée dimanche de l’absence de rotation du personnel de la centrale depuis le 20 mars.
Son directeur, Rafael Grossi, a atterri jeudi soir à Kaliningrad, en Russie, où il va s’entretenir vendredi avec des hauts responsables russes de la sûreté nucléaire en Ukraine. Plus tôt dans la semaine, le diplomate y a visité la centrale de Ioujno-Oukraïnsk, dans le Sud, où il a rencontré des responsables gouvernementaux ainsi que le personnel.
Selon un communiqué, ce voyage vise à mettre en place « des mesures concrètes pour apporter une assistance technique urgente » dans ce pays doté d’un vaste parc nucléaire, soit quinze réacteurs dans quatre centrales en activité, ainsi que plusieurs dépôts de déchets nucléaires. M. Grossi a prévu de tenir une conférence de presse à son retour à Vienne, siège de l’AIEA, vendredi après-midi.
Un réacteur de la centrale de Tchernobyl a explosé en 1986 contaminant une bonne partie de l’Europe mais surtout l’Ukraine, la Russie et la Biélorussie. Baptisée zone d’exclusion, le territoire dans le rayon de 30 kilomètres autour de la centrale est toujours fortement contaminé et il est interdit d’y habiter en permanence. Son dernier réacteur opérationnel a été fermé en 2000. Le réacteur accidenté, recouvert d’une chape d’acier étanche et contenant du magma hautement radioactif, est contrôlé en permanence par des spécialistes. Deux centres de stockage du combustible nucléaire se trouvent par ailleurs dans la zone d’exclusion.