Les défis de Marta Ortega, héritière de l’empire Zara

Anna Wintour, Marta Ortega et Diane von Furstenberg, à New York, le 5 novembre 2019. Anna Wintour, Marta Ortega et Diane von Furstenberg, à New York, le 5 novembre 2019.

Une forte exposition au marché russe et une inflation galopante qui mine le pouvoir d’achat des consommateurs et fait bondir les coûts de production. Le tout sanctionné par une chute de l’action en Bourse de près de 30 % en trois mois. Sans parler de l’expansion des ventes en ligne à poursuivre et d’exigences éthiques et environnementales grandissantes… Les défis s’amoncellent pour Marta Ortega, 38 ans et officiellement nouvelle présidente non exécutive d’Inditex depuis ce vendredi 1er avril. Or la jeune héritière, discrète, dont l’unique fonction connue au sein du géant espagnol de la mode ces quinze dernières années a été de « superviser le design » chez Zara et travailler pour « l’image de marque », a encore tout à prouver.

Lorsque la fille cadette d’Amancio Ortega a été couronnée, par surprise, le 30 novembre 2021, à la tête de l’empire qu’a fondé son père dans les années 1970, on avait presque oublié qu’Inditex est d’abord une entreprise familiale, dont le patriarche, âgé de 86 ans, détient près de 60 % des actions. « Nous considérons que c’est le meilleur moment pour aborder [cette transition]. Parce que la société est très solide, a une stratégie bien définie et des équipes fantastiques dans tous les domaines, qui combinent jeunesse et expérience », déclare ce jour-là le PDG, Pablo Isla. Le conseil d’administration célèbre alors la forte reprise des ventes enregistrée durant les trois premiers trimestres 2021, après une année 2020 marquée par la pandémie. Pour épauler Marta Ortega, il nomme Oscar Garcia Maceiras, avocat de l’Etat réputé brillant de 47 ans, issu du secteur bancaire, au poste de directeur général exécutif.

Le tandem doit succéder à M. Isla, qui, depuis dix-sept ans, d’abord comme directeur général puis comme président exécutif, tient les rênes du numéro un mondial de l’habillement – 165 000 salariés et près de 6 500 magasins dans 96 pays (Zara mais aussi Pull & Bear, Massimo Dutti, Bershka, Stradivarius, Oysho ou Uterque). Artisan du virage numérique du groupe, il a multiplié sa valeur boursière par dix et ses ventes par cinq. La barre est haute, mais les perspectives sont alors bonnes.

Des ventes amputées par Omicron et la guerre en Ukraine

C’est compter sans la vague provoquée par le variant Omicron, qui ampute les ventes de fin d’année et douche l’espoir d’un bénéfice record. Si les résultats 2021 affichent une hausse de 36 % des ventes (à 27,7 milliards d’euros) et de 193 % du résultat net (à 3,2 milliards), le groupe n’est pas parvenu à récupérer le chiffre d’affaires de 2019 (– 2 %), encore moins ses bénéfices (– 11 %). La guerre lancée par Moscou en Ukraine entraîne, le 4 mars, la fermeture des 502 magasins d’Inditex en Russie. Deuxième marché du groupe en nombre de boutiques, le pays représente 8,5 % du résultat d’exploitation. En ajoutant les 85 magasins situés en Ukraine, près de 10 % des bénéfices avant charges, intérêts et impôts est menacé.

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