
Tribune. Depuis le début de l’offensive russe en Ukraine le 24 février, des millions d’Ukrainiens ont fui leur pays et environ 26 000 sont arrivés en France. En plus des personnes qui ont voyagé par leurs propres moyens, ou aidées par leurs familles et amis, le gouvernement français organise l’accueil de plusieurs milliers de personnes réfugiées en Moldavie dans le cadre d’un accord entre pays de l’Union européenne.
Exceptionnellement, les restrictions sur l’accès des Ukrainiens à l’espace Schengen ont été levées : les personnes sont autorisées à circuler pendant 90 jours et peuvent bénéficier d’une « protection temporaire » qui équivaut à une autorisation de séjour de six mois, l’accès à l’allocation attribuée aux personnes en situation de demande d’asile, l’autorisation de travailler ainsi que l’accès à un hébergement, aux soins, à la scolarisation des enfants et à des cours de français.
La vitesse et l’efficacité avec laquelle les dispositifs d’aide ont été mis en place par les autorités françaises sont impressionnantes, et montrent que l’accueil de populations victimes de guerre civile est bien sûr tout à fait possible à l’échelle d’une grande puissance mondiale comme la France.
Quel contraste avec la situation vécue par tant de personnes exilées d’autres pays en guerre ! En 2021, année marquée par la pandémie de Covid-19, 103 000 personnes ont demandé l’asile en France, dont 12 500 Afghans qui avaient, pour un grand nombre d’entre eux, travaillé avec les autorités françaises dans leur pays.
Facteurs psychosociaux stressants
D’après les chiffres de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides, la durée moyenne d’examen d’une première demande d’asile – qu’il faut déposer via une plate-forme dématérialisée et difficilement accessible à de nombreuses personnes – était en 2021 d’environ huit mois et le taux de protection octroyé de près de 25 %, ce qui conduit de nombreuses personnes à formuler des recours et à poursuivre des démarches qui peuvent durer des années.
Sauf exception, les personnes en situation d’asile n’ont pas le droit de travailler, et près de la moitié n’est pas hébergée – contrairement à la loi et malgré de nombreuses condamnations des autorités françaises devant des tribunaux administratifs. Le temps de la procédure de demande d’asile est donc souvent non pas un répit, mais au contraire une période d’instabilité et d’incertitude qui grève les difficultés psychologiques des personnes.
Il est démontré que l’expérience migratoire augmente le risque de développement de troubles mentaux tels que la dépression, le stress post-traumatique et même les troubles psychotiques, à cause d’une exposition accrue à des facteurs psychosociaux stressants et d’une rupture des supports sociaux existants.
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