Les Européens doutent de pouvoir décider rapidement d’un embargo sur le gaz russe

Le président du Conseil européen, Charles Michel, lors d’un sommet à Bruxelles, le 31 mai 2022. Le président du Conseil européen, Charles Michel, lors d’un sommet à Bruxelles, le 31 mai 2022.

Les chefs d’Etat et de gouvernement européens ont évité le pire et ont su se mettre d’accord, lors d’une réunion à Bruxelles dans la nuit de lundi 30 à mardi 31 mai, sur le sixième paquet de sanctions, dont l’embargo sur le pétrole russe est sans conteste la mesure la plus emblématique. Mais ils savent bien qu’il leur sera difficile d’aller plus loin.

Depuis le 24 février et l’invasion de l’Ukraine par la Russie, les Vingt-Sept ont multiplié les mesures restrictives contre Moscou, déjouant les pronostics de tous ceux qui, y compris parmi eux, pensaient qu’ils seraient divisés et impuissants. Ils s’en sont pris au secteur financier russe, aux oligarques et autres proches du Kremlin, aux chaînes de télévision étatiques et, surtout, au secteur russe de l’énergie. A compter du mois d’août, ils se passeront de son charbon et, d’ici à la fin de l’année, ils auront renoncé à 90 % de leurs importations de pétrole russe.

Mais la suite s’annonce plus compliquée. Mardi 31 mai, en tout cas, les chefs d’Etat et de gouvernement européens ont quitté Bruxelles, après un deuxième jour de Conseil, sans se faire beaucoup d’illusions sur leur capacité à décider rapidement d’un embargo sur le gaz.

« Personne ne veut acheter de l’énergie à la Russie. La Russie, un pays barbare, un pays sur lequel on ne peut compter en aucune façon », a certes lancé le premier ministre polonais, Mateusz Morawiecki, très en pointe dans la lutte contre Moscou. « C’est pourquoi nous discutons de la manière de nous éloigner rapidement, non seulement des hydrocarbures russes comme le charbon ou le pétrole, mais aussi, à plus long terme, du gaz », a-t-il expliqué.

Emmanuel Macron s’entretient avec ses collègues européens lors d’un sommet du Conseil de l’Europe, à Bruxelles, le 30 mai 2022. Emmanuel Macron s’entretient avec ses collègues européens lors d’un sommet du Conseil de l’Europe, à Bruxelles, le 30 mai 2022.

Macron juge qu’« il ne faut rien exclure »

En réalité, Varsovie est en minorité sur cette question. Même les Etats baltes, qui ne font traditionnellement aucune concession à Moscou, sont moins déterminés. « Nous devrons parler d’un septième paquet de sanctions parce que la situation ne s’améliore pas en Ukraine. Mais le gaz, c’est, bien sûr, beaucoup plus difficile que le pétrole », soulignait ainsi la première ministre estonienne, Kaja Kallas. « Le gaz doit faire partie du septième paquet, mais je suis également réaliste, je ne pense pas qu’il y sera », a-t-elle poursuivi.

Karl Nehammer, le chancelier autrichien, a également exclu l’option de sanctions additionnelles. « Il est plus facile de compenser un embargo pétrolier, c’est très différent pour le gaz en termes de sécurité d’approvisionnement. C’est pour cela qu’on ne discutera pas d’un embargo pour le prochain paquet », a-t-il tranché. Même son de cloche côté belge : Alexander De Croo a plaidé pour « une pause ».

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