

A quelques jours (et décennies) près, la vision des soldats devait être la même, les chemins verglacés, les rafales de neige, le soleil parfois sur les montagnes écrasantes, les bouleaux nains effeuillés et les sapins qui laissaient des touches verdâtres, des maisons éparses le long des fjords qui s’enchaînent sans fin, battues par les vents de l’Arctique et de l’Atlantique Nord.
L’exercice de l’OTAN « Cold Response 2022 », qui se termine en Norvège le 1er avril et rassemble 30 000 soldats de vingt-sept nationalités, se déroule sur les lieux mêmes de la bataille de Narvik, qui se déroula pendant soixante-deux jours, à partir du 9 avril 1940. Bataille épique qui vit notamment la Légion étrangère et les chasseurs alpins français rejoindre troupes norvégiennes, polonaises et britanniques, et repousser, dans un premier temps, l’agression allemande. Première victoire de la guerre contre les nazis, qui fut toutefois de courte durée.
A l’aube de l’invasion, la Norvège avait pourtant fait le choix de la neutralité, comme lors de la première guerre mondiale. Au lendemain de la guerre, après cinq ans d’occupation, elle ne se posera plus la question de cette neutralité vite bafouée par les nazis. Elle sera l’un des membres fondateurs de l’OTAN, en 1949, et fut longtemps le seul pays de l’alliance militaire occidentale à partager une frontière avec l’URSS. A ses côtés, ces dernières semaines, alors que la guerre fait rage en Ukraine à la suite de l’invasion russe, le 24 février, ce sont les troupes suédoises et finlandaises qui se trouvent dans un entre-deux.
« Question politique »
La Suède et la Finlande, avec qui la Norvège partage une frontière, n’ont plus vraiment la neutralité affichée pendant la guerre froide, après avoir adhéré à l’Union européenne en 1995, et plus vraiment la liberté d’alliance depuis qu’elles ont rejoint, en 1994, le Partenariat pour la paix, programme de coopération bilatérale avec l’OTAN. Depuis 2006, elles participent notamment aux manœuvres de « Cold Response ».
Selon le scénario de l’exercice 2022, le royaume scandinave a subi une attaque et activé l’article 5 du traité de l’Atlantique Nord, qui prévoit une assistance mutuelle des Etats membres de l’OTAN en cas d’agression. Les Finlandais sont aux côtés des Suédois et des Norvégiens pour sécuriser la côte norvégienne face à cette attaque arrivant par la mer. Des éléments français de la 9e brigade d’infanterie de marine participent à l’opération. Sur une montagne à l’intérieur des terres, le lieutenant finlandais Ville Heikkilä commande trois canons Tampella 155 K 83 et trente-cinq soldats, dont trente-deux conscrits.
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