Massacre de Boutcha : la communauté internationale dénonce les « atrocités commises par l’armée russe » et réclame des sanctions

Des corps gisent dans une rue de Boutcha, au nord-ouest de Kiev, le 2 avril. Des corps gisent dans une rue de Boutcha, au nord-ouest de Kiev, le 2 avril.

Une vingtaine de corps de civils exécutés dans une même rue, près de trois cents cadavres retrouvés dans la ville… C’est la découverte macabre qu’ont faite les forces ukrainiennes à Boutcha, ville au nord-ouest de Kiev, tout juste reprise à l’armée russe samedi 2 avril.

Ce massacre « était délibéré, a dénoncé le ministre ukrainien des affaires étrangères Dmytro Kuleba dimanche sur Twitter. Les Russes veulent éliminer autant d’Ukrainiens qu’ils le peuvent. Nous devons les arrêter et les mettre dehors. J’exige de nouvelles sanctions dévastatrices du G7 MAINTENANT », citant un « embargo sur le pétrole, le gaz et le charbon », la fermeture de tous « les ports aux navires et aux marchandises russes » et la « déconnexion de toutes les banques russes de Swift ».

Un conseiller de la présidence ukrainienne, Mykhaïlo Podoliak, a pour sa part comparé Boutcha au massacre de Srebrenica en Bosnie en 1995, il a accusé l’Occident d’essayer « de ne pas provoquer les Russes » pour éviter une troisième guerre mondiale. « Comme résultat, le monde a vu une horreur indescriptible d’inhumanité à Boutcha, Irpine, Hostomel. Des centaines, des milliers de gens tués, déchirés, violés, attachés, violés à nouveau et tués à nouveau », a-t-il écrit sur la messagerie Telegram. « Allez-vous encore essayer de vous détourner ? D’organiser un autre sommet pour vous inquiéter et secouer la tête ? », a-t-il lancé, s’adressant aux dirigeants européens.

Menaces de nouvelles sanctions

Ces derniers ont répondu à cet appel en dénonçant les exactions russes et en réclamant de nouvelles sanctions.

Le vice-chancelier et ministre allemand de l’économie, Robert Habeck, a dénoncé un « terrible crime de guerre [qui] ne peut pas rester sans réponse ». « Je pense qu’un renforcement des sanctions est indiqué. C’est ce que nous préparons avec nos partenaires de l’Union européenne (UE) », a ajouté l’écologiste dans un entretien au journal allemand Bild.

Le président du Conseil européen, Charles Michel, s’est également dit « choqué par les images obsédantes des atrocités commises par l’armée russe dans la région libérée de Kiev », sur Twitter. « L’UE aide l’Ukraine et des ONG à rassembler les preuves nécessaires pour des poursuites devant les cours internationales », a-t-il dit, en ajoutant : « Plus de sanctions et d’aide de l’UE sont en chemin. » L’UE a déjà adopté plusieurs trains de sanctions contre Moscou depuis l’offensive en Ukraine, ciblant massivement des entreprises, des banques, des hauts responsables, des oligarques, et interdisant l’exportation de biens vers la Russie.

La ministre des affaires étrangères britannique, Liz Truss, a pour sa part dénoncé les « actes révoltants » commis par l’armée russe contre des civils en Ukraine, notamment à Boutcha, dans la région de Kiev. « Leurs attaques indiscriminées contre des civils innocents durant l’invasion illégale et injustifiée de l’Ukraine par la Russie doivent faire l’objet d’une enquête pour crimes de guerre », a-t-elle déclaré dans un communiqué. « Nous ne permettrons pas à la Russie de dissimuler son implication dans ces atrocités au moyen d’une désinformation cynique », a poursuivi la cheffe de la diplomatie.

Elle a assuré que le Royaume-Uni soutiendrait « pleinement toute enquête par la Cour pénale internationale » et appelé une nouvelle fois à « accroître les sanctions » contre la Russie.

Boutcha et la ville voisine d’Irpine, rendues méconnaissables par les bombardements, ont été le théâtre de certains des combats les plus féroces depuis que la Russie a attaqué l’Ukraine le 24 février, quand les soldats russes tentaient alors d’encercler Kiev.

Le Monde avec AFP

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