Ukraine, UE, énergie… En Serbie, après la victoire de Vucic, les décisions difficiles du président réélu

Le président serbe Aleksandar Vucic, à Belgrade, le 3 avril 2022. Le président serbe Aleksandar Vucic, à Belgrade, le 3 avril 2022.

La victoire est sans appel, mais les décisions difficiles sont peut-être à venir pour Aleksandar Vucic, le président serbe qui, selon les premières estimations, a largement assuré sa réélection, dimanche 3 avril, en emportant dès le premier tour 59 % des suffrages. Les résultats officiels devaient être connus lundi soir.

Sa domination et celle de son mouvement, le Parti progressiste serbe (SNS), qui règne sur la vie politique et publique de ce pays de 6,9 millions d’habitants depuis une dizaine d’années, étaient attendues. Mais l’ampleur de la victoire valide la stratégie du président sortant : alors que la campagne électorale de ces dernières semaines a été percutée par la guerre en Ukraine, M. Vucic a habilement joué sur ses promesses de « stabilité » et de « paix » pour éclipser tous les autres sujets de débat : la corruption, l’environnement, la justice sociale, la fiscalité…

Son résultat personnel, plus élevé que son score de 2017 (55 % des voix), et un taux de participation de près de 60 %, supérieur à celui des scrutins précédents (54 %), confirment sa forte assise à travers le pays, notamment consolidée par des médias majoritairement tenus par le pouvoir en place. M. Vucic, lui, s’est félicité de « la nature démocratique de la société serbe ».

L’opposition, divisée, qui espérait imposer un second tour au dirigeant, a raté son pari. Son principal adversaire, le proeuropéen Zdravko Ponos, a obtenu 17 %, à peine plus que l’opposition centriste en 2017 (16 %), bien loin d’une mobilisation à même de fragiliser le président sortant.

A l’issue des législatives, qui se tenaient aussi dimanche, le SNS obtient, selon les estimations, 43 % des votes. Il devra s’allier avec le Parti socialiste de l’ex-dirigeant Slobodan Milosevic, prorusse, pour asseoir la majorité présidentielle au Parlement. Parallèlement, deux ans après le boycott des élections de 2020, l’opposition proeuropéenne reprend pied dans les institutions politiques, et le jeune mouvement Moramo (gauche écologiste) va faire son entrée au Parlement avec une dizaine de députés sur 250.

Dépendance au gaz russe

Sur le plan extérieur, au-delà de cette nette victoire, une période délicate s’ouvre pour le dirigeant serbe, ancien nationaliste devenu proeuropéen. Critiqué par ses adversaires pour sa réticence à condamner rapidement l’invasion russe de l’Ukraine, M. Vucic a défendu une forme de neutralité dans le conflit, au risque de froisser les membres de l’Union européenne. La Serbie a certes voté la résolution de l’Assemblée générale de l’ONU condamnant la Russie, mais M. Vucic s’est gardé, pour l’heure, d’appliquer les sanctions économiques envers Moscou. Outre les liens historiques et culturels de la Serbie avec la Russie, Belgrade redoute les effets de possibles représailles russes sur le prix de l’énergie en cas de sanctions : le pays dépend à plus de 90 % du gaz russe, qu’il achète à des conditions avantageuses, et la compagnie nationale d’hydrocarbures, NIS, est détenue majoritairement par Moscou.

Il vous reste 29.45% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Laisser un commentaire